
Dans le cadre du dispositif "Des artistes à l'école", soutenu par la ville de Lorient, l’Éducation Nationale et porté par le Domaine de Kerguéhennec, deux artistes de l'association Multi-Prises (Simon AUGADE et Thomas DAVELUY) ont été invités à construire des ateliers artistiques permettant la rencontre entre le monde de l'éducation, de la création et des nouvelles technologies avec une imprimante 3D.
Les artistes et les élèves de CE2/CM1/CM2 de l’école primaire de Keroman se sont lancés dans un vaste projet transdisciplinaire croisant les arts visuels et la technologie, donnant lieu au projet Micro-Morphose. L’idée a été de concevoir et réaliser un échiquier à partir de la création de pièces en 3D.
Le projet s'articule sur des notions telles que : réduire une forme du réel en objet, jouer sur l'échelle tout en questionnant la structuration du sujet pris et de sa mutation en objet imprimé en 3 dimensions.
Ainsi les élèves sont à la fois sujets, en devenant une armée miniature (pion de l'échiquier), et constructeur des pièces maîtresses plus grandes qu'eux (qui les rejoindront en miniature sur les cases du plateau de l'échiquier).
Deux classes sont impliquées, : l'une travaille en présence des artistes et s'occupe des pièces du jeu d'échecs tandisque l'autre est chargée du plateau de jeu et d'un suivi de reportage.
Le projet s’est déroulé en plusieurs étapes :
- Travail autour du lexique du jeu d’échecs, des pièces maîtresses (roi, reine, fou…), afin d'ouvrir sur l’imaginaire des mots, de leur sens, de leurs représentations par des croquis...
- Répartition des pièces :
> les pièces maîtresses sont des sculptures imaginées, conçues et réalisées par les enfants par groupes de 3 à partir de matériaux de récupération (carton, pot de yaourt, grillage…) et de papier mâché.
Les élèves concrétisent leurs dessins en 2D par un travail d’assemblage, de projection dans l’espace, d’expérimentations des notions de volumes, de sculpture, de changements d’échelles, de tenue des matériaux, de structure et de résistance...
> Chaque pion est le portrait en 3D d’un des élèves (16 pions jouables plus 11 "remplaçants" car 27 élèves). En simultané de la construction des pièces maitresses, commence les prises de vues des élèves à 360°. "Scanner" consiste à prendre une trentaine de photos converties sur le logiciel Recap qui permet un calcul pour produire un document 3D.
> Modélisation, correction amélioration du rendu Recap sur logiciel de 3D (3DSmax) et création des socles par les artistes qui seront par la suite assemblés aux pièces par les élèves sur le logiciel de l'imprimante (Z-Suite).
L'impression des pions (élèves) commence alors… l'imprimante est dans l'école, les élèves se voient donc imprimer au fur et à mesure. Ils comprennent le principe de l'imprimante, voient le façonnage et la structuration des impressions, ce qui les aidera par la suite lors des préparations de fichier imprimable des pièces maîtresses.
Les sculptures sont finies (peinte en blanc pour une meilleure lecture du logiciel), scannées puis traitées par les enfants sur le logiciel 3D de l'imprimante. Ils les redécouvrent virtuellement, les redimensionnent, les manipulent, les assemblent à leurs socles… Puis ils ajoutent des colonnes de maintien sous les volumes problématiques ou fragiles...
Du dessin, en passant par la sculpture puis la photographie, les élèves retrouvent leurs pièces maîtresses dans le logiciel de 3D. Travail des volumes en regard du procédé d’impression.
> Impression
Les élèves se sont appropriés des notions telles que le fonctionnement de la tête de l’imprimante qui se déplace suivant 3 axes : la largeur (X), la profondeur (Y) et la hauteur (Z). Mais également le procédé de fabrication même de l’impression 3D, qui fabrique une pièce en volume par dépôts successifs d’une matière. L’imprimante chauffe la matière en début de circuit pour la rendre exploitable, la fait circuler jusqu’à la tête d’impression qui va déposer la matière par couches successives. Puis, au contact de l’air, elle va se solidifier, ce qui va permettre à un objet de prendre vie. Ce processus peut prendre plusieurs heures en fonction de la taille de l’objet que l’on veut créer. En moyenne un pion (élève) représente envrion 5h d'impression et 25 grammes de plastique pour une pièce de 10 cm… Mais cela est très variable. Un roi peut aller jusqu'à 14h et 50 g environ pour une pièce de 17cm.
La 3D est un domaine qui permet de faire des ponts entre disciplines (géométrie, mathématiques...), elle ouvre à des problématiques sociétales (les déchets, la consommation, la confection et la réparation de pièces cassées ou usées). Travailler en groupe autour d’un projet commun, le « faire par soi-même », stimule la créativité, car une idée peut être matérialisée, réalisée et multipliée. Une deuxième session d'impression sera réalisée pour qu'à la fin du projet les élèves repartent avec leur pièce.
L’imprimante 3D transforme une idée, par des manipulations devant un écran, en quelque chose de concret. Cela traduit la théorie dans une réalité palpable et inversement : un objet concret du quotidien par exemple peut basculer dans le monde plus "fantasmé", la miniature lui offrant une distance de point de vue, changeant sa perception… Une autre appréhension du réel et de son potentiel d'imaginaire qu'il renferme apparaît et peut se modéliser. Outils aujourd’hui indispensables au monde de demain, les imprimantes 3D offrent aux enfants la possibilité d’apprendre différemment et de comprendre l’environnement qui les entoure.
VERNISSAGE
Un grand merci aux enseignants (Virginie WEIL et Gilles LE DEM), au Domaine de Kerguéhennec (Virginie GLORY), aux conseillers pédagogiques (Patricia LE CROM et Michel LHOPITAL), au service mission action culturelle de proximité de la Ville de Lorient (Pascale CREFF) et bien évidemment à tous les élèves de CE2/CM1/CM2 de l’école primaire de Keroman!
