Exposition réalisée dans le cadre de la résidence croisée Mexique/France Yucatán/Bretagne au sein du programme « La Fabrique des Images » de L'Institut Français d'Amérique Latine.
C'est dans ce cadre que l'une des prises de l'association (Guillaume Lepoix) a développé son travail artistique et nous le partage...
Guillaume Lepoix a exploré pendant trois mois les différents moyens d'aborder son approche plastique dans ce contexte particulier. Le vernissage de son exposition Interfaz a eu lieu le 7 décembre 2015 et reste visible jusqu'au 30 juillet 2016 pour les chanceux qui pourraient aller à Mérida....
"On ne doit pas y monter. C’est un escalier d’apparat que la lumière du soleil monte au matin et descend le soir sur sa face opposée. Il n’a pas été construit pour être gravi par les hommes."
Extrait de Odyssée Mexicaine, de Kijû Yoshida, où le personnage de Vincente s’exprime à propos des escaliers d’une des pyramides d’Uxmal.
"Cette exposition est le résultat d’une expérience de quelques mois à Mérida. Les différentes œuvres qui sont présentées résultent de rencontres particulières que j’ai pu faire au cours de mon séjour, qu’elles soient concrètes ou plus fantomatiques. J’ai commencé à entrevoir ce qui se cache entre fiction et réalité à Mérida.
A travers la peinture, le dessin, la sculpture, la photographie et la vidéo j’essaye de trouver le point d’équilibre, l’interface entre ces deux notions.
Après trois mois de création, cette exposition peut se lire comme un journal de travail, de plus, la galerie FrontGround a été mon atelier pendant la résidence. Durant cette période je me suis efforcé de rechercher une «intimité perdue», de trouver l’espace fugitif entre fiction touristique et réalité quotidienne." Guillaume Lepoix
Pour ceux qui n'auront pas la chance de voir les oeuvres "physiquement", les voici en images accompagnées des mots de l'artiste.
El espectro, Rubans de couleurs, structure métalique, 2015.
"Une coutume locale veut que l’on inscrive des remerciements pour des prières exaucées sur des rubans en satin de couleur. Par exemple à Mérida, dans la Cathédrale, la sculpture du saint Charbel Makhluf en est recouverte partiellement. La statue s’habille des louanges de chacun, à tel point que les autres statues ont un écriteau priant de ne pas les recouvrir. A travers cette installation j’imagine un rituel qui s’emballe, une frénésie de rubans semblables à des prières. Cette multitude révèle une silhouette fantomatique, non pas comme un présence qui hante la nuit mais plutôt comme un spectre surchargé de couleurs."
Souvenir, Impressions 3D, 2015.
"J’envisage cette série comme un journal de travail quotidien sur le temps de ma résidence à Mérida. De la même manière que les étalages de souvenirs vendus à la sortie des sites touristiques, je présente ces figurines comme des cristallisations d’expériences éphémères vécues au jour le jour. A la frontière entre l’objet industriel et l’événement intime, cette série figure l’ambivalence du «touriste/explorateur» achetant un crâne sculpté en plastique."
Inframundo, Dessins sur mur, 2015.
"Le Yucatán est un pays plat, cependant ses habitants ont toujours eu une relation de «verticalité» avec la terre : celle de l’inframonde. Ici ce lieu a bien une existence physique car le territoire doit se concevoir sur plusieurs plans dont les «cénotes» sont les interfaces. Ce concept d’interfaces est aussi présent dans le monde informatique souvent représenté par la grille virtuelle. Si l’on regarde Mérida vue du ciel, c’est bien une multitude de grilles qui nous apparait. c’est le centre de Mérida qui s’effondre sur lui-même. Cela peut-être abordé comme une cartographie virtuelle de ma propre connaissance du centre de la ville, grandissant au fur et à mesure de la résidence. Elle peut aussi représenter ce désir de connexion du monde des hommes avec l’inframonde, peut-être jusqu’à la dissolution et la fusion de l’un dans l’autre."