Dans les couloirs d'Hallouvry...
Souvenez-vous, lors d'un précédent billet il était question de son inauguration, maintenant il est question du dernier évènement festif avant sa démolition.
Pour aller directement au vif... même si les images ne valent pas l’expérience réelle et physique de l'espace, du volume et de l’influence que ces derniers peuvent exercer sur l'individu... voici le labyrinthe encore présent (mais plus pour longtemps) à l'EDEFS 35 de Chantepie
En effet, plus pour longtemps, puisque ce sera juste après ce dernier et principal évènement, que cette œuvre sera démolie.
L'évènement :
"Entrée libre
Évènement fédérateur vous l'aurez compris puisque ce sera l'occasion de restituer tout le travail mené tout au long de cette année à l'EDEF35.
- Exposition des deux Résidences Artistiques de Lise Gaudaire et moi-même, des ateliers et travaux des jeunes du site d'Halloury, mené pendant ces résidences et, en parallèles de celles-ci, par les professionnels de l'EDEFS35 (du 1er au 3 juillet).
- Représentations du projets théâtral et du projet musical portés par la troupe des Becs Verseurs et l'association Coriecaracol (mercredi 2 juillet).
- Débat "L'Art, ça crée ? " ou quels sont les
bénéfices de l'art et de la culture dans le cadre de l'accompagnement
des jeunes en Établissement spécialisé ? Animé par Dominique LAUNAT (Psychologue, Président
de la Commission Culturelle du CHGR) en présence des intervenants du
Festival (Simon AUGADE, Lise GAUDAIRE, Les CorieCaracols, La Compagnie
des Becs Verseurs) ainsi que des partenaires du secteur de l'éducation
spécialisée (mercredi 2 juillet de 18h à 20h00 - amphithéâtre de l'Hallouvry).
La démolition :
Suite à l’évènement Rencontre(s) pour l'EDEFS35, la démolition publique du labyrinthe sera entamée sur plusieurs jours.
Durant les 4, 5, 6 et 7 juillet, volontaires, motivés et outils (masses, merlins, haches, barres-à-mines) sont conviés à cette entreprise et cette expérience unique que sera cette démolition.
(logement possible si vous avez matelas et duvets, tentes possibles aussi, sur ces quatre jours. Pour toutes informations complémentaires pour votre accueil, votre venue, me prêter des outils ou autre, voici mes contacts : tel 06.31.84.08.06 / mail : augade.simon@gmail.com)
Plan pour venir a l'EDEFS35 :
La Résidence :
Durant 5 mois je me suis donc retrouvé à l'EDEFS35...
Le jeudi matin dès la première heure : départ avec Alain et parfois un ou plusieurs jeunes en fourgonnette et remorque. Direction l'Emmaüs de Hédé afin de récolter la matière première pour la construction de labyrinthe. D’ailleurs, le parallèle entre les deux communautés (celle de l'EDEFS35 et d'Emmaüs) n'était pas vide de sens, ni anodine, par rapport à des notions telles que celles des voies parallèles et alternatives, la réinsertion ou la mise à l’écart... (pour faire court). Je tiens encore à remercier Yannick Mollo directeur de la communauté Emmaüs d'Hédé, toute son équipe et les compagnons.
Nous rentrions de Hédé pour la fin de matinée afin de décharger le stock récupéré sur les lieux du chantier et, s'il n'était pas trop tard, quelques jeunes venaient "tâter un peu le terrain" ou simplement discuter avant d'aller manger.
Les repas des jeudi midi/soir au vendredi midi, je les passais sur les différents groupes (C4, C5 de l'ITEP ou SEES de l'IME et leurs internats les soirs).
Ainsi je pouvais aussi côtoyer et entamer une relation avec des jeunes que je ne voyais pas forcement sur le chantier du labyrinthe, ainsi qu'avec les professionnels qui mangeaient avec nous... "Les jeunes qui ne venaient pas forcement" c’était en fonction de leur plannings d’activités, stages, projets, effets de groupe, ou difficultés face aux conditions que pouvait impliquer ou représenter le labyrinthe (pour chacun d'eux de manières différentes).
Le reste du temps jusqu'au vendredi après midi j’étais sur le chantier avec les jeunes ou sur certains temps en ateliers avec eux.
J'accompagnais les volontaires qui venaient me voir pour taper sur les clous (ou un peu partout d'ailleurs), certains ne sachant pas, ou difficilement, planter des clous (surtout de ce format). Ce qui d’ailleurs alimente la réflexion sur ce geste dit simple ou rudimentaire en tout cas.
En effet cet acte brut qui parait à la porté de tous remet bien des certitudes à leurs places. Même des adultes pas "mal-dégourdis" s'y essayant, passent d'une phase de projection mentale de cet acte qu'ils pensaient simple, à la réalité des rapports physiques et contraignant voir contrariants. Le passage de l’interphase qu'est l'idée reçue à sa désillusion mène souvent à l’abandon de l'adulte se prenant au jeu de manière passagère. La persistance, la patience, l’énervement, le défoulement, la fatigue, la blessure, la déception ou la satisfaction sont les lots de celui qui se lance dans cette opération de façon moins passagère... Ce sont des situations qui nous confrontent à nous même et dont nous sommes la source. Situations parfois éprouvantes, pas toujours évidentes à admettre ou à gérer pour certains, qui restent alors sur l'idée reçue ou l’expérience survolée...
Les visites sur le chantier variaient alors entre certains habitués qui venait de différents groupes et services (IME / ITEP) qui se mélangeaient, cohabitaient, s'entre aidaient ou se charriaient... et des visiteurs plus ponctuelles, des réfractaires, des curieux, des peureux, des désireux (ne pouvant pas pour différents prétextes), des commentateurs, des rapporteurs de dires (des taximans venant les chercher ou leur parents ou je ne sais qui...) ou tout simplement de ceux qui venait créer un contact avec la sculpture ou /et moi-même
Lettre anonyme trouvée dans une enveloppe coincée dans la porte de la caravane.
Dès le vendredi en fin de journée j'étais seul jusqu'au dimanche soir. Là il fallait avancer qu'il pleuve vente ou neige, boue ou pas... (surtout sur cette période la plus clémente de l’année de mi novembre à mi avril, et surtout cette année avec toutes les inondations qu'il y a eu en Bretagne).
Les enfants, ado et jeunes adultes se présentaient à moi comme ils le désiraient, dans le sens où ils n'étaient pas forcement accompagnés d'un éducateur spécialisé ou d'un autre professionnel. Ils ne me connaissaient pas, je n'étais pas un professionnel de l'institution psycho-médico-éducative, et surtout, moi non plus je ne les connaissais pas.
Je n'avais pas connaissance de leur passif, problèmes, pathologies, handicaps... Et ça, ça a été un facteur, à mon avis important, dans le déroulement du rapport qu'ils pouvaient entretenir avec moi. Ils ne me laissaient voir ce qu'ils avaient envie de montrer. Même si il y a des choses qu'ils n'arrivent pas forcement à cacher, qui transparaissent ou surgissaient parfois.
Certes j'ai eu connaissance de certains cas, du moins à des degrés partiels. Certaines fois sans savoir non plus de qui il s'agissait, ne pouvant alors pas l'associer à un individu, ce qui n'était parfois pas plus mal. La relation s'en trouvait moins tronquée ou leurrée à leur égard.
J'ai aussi pu assister à ce que l'on appelle des réunions cliniques où une thématique est engagée, des temps d’échanges en petits groupes tous professionnels confondus (Profs, éduc spécialisés, maîtresses de maisons, éducs techniques, orthophonistes, chefs de services, directeurs, psys...) puis des temps de restitution en commun... "Accueillir le symptôme" était cette fois le thème... Chacun se questionnais sur différents points : qu'appelle t-on symptôme, quand s'agit-il du symptôme en lui même, sa cause ou son effet qui se manifeste, les états de "jouissance" (de perte pied pour faire court) de l'individu, de leur propre (aux professionnels) situation face à des états de démence ou de confrontations, clivages...
C'était l'occasion de croiser les expériences, rapports et relations différentes que chacun d'entre eux pouvait avoir, étant donné leurs approches conduites par leurs fonctions différentes...
Il était très intéressant de voir comment ceux qui sont censé être de "l'autre coté du miroir" peuvent se remettre en question, s'organiser, communiquer... Autant de notions complexes pour aider, accompagner un public déjà en difficulté...
A même titre, il était intéressant de voir comment les questions de fond qu'impliquait le labyrinthe au sein de l’établissement, ont pu parfois impacter sur sa considération. Par exemple sur le fait que ce soit un endroit clos. Que les adultes ne soient pas spécialement présents, que ... et que... tout est possible... surtout le pire. Bref cela remettait finalement en cause le projet et la manière dont les jeunes pouvaient y réagir.
Ce qui m'a frappé c'est finalement plus ce que les adultes peuvent projeter sur problèmes de ces jeunes que les pathologies elles même. En ce sens où le jeune est là comme il est. Ce qui va se faire avec lui c'est la façon dont le suivi, la dualité, la confrontation, le clivage, la démence va être gérée par les adultes. Sans vouloir dire que le jeune n'y est pour rien et qu'il n'est pas responsable ou conscient (à un certain degré) des fautes ou entraves qu'il peut commettre.
A ce moment là c'est donc les peurs, les anticipations de réactions ou les projections mentales sur un problème qui pose des barrières et non la réelle gestion de ce problème. Si par exemple un endroit laissé à l'absence des adultes devient problématique ce n'est donc pas l'endroit, mais bien le suivi des adultes qui en est la cause. Ainsi on commence à toucher le fond de nos fonctionnements sociaux ; à notre manière de les gérer, les ranger, de les identifier. Ceux-ci sont ici poussés en puissance étant donné l'exacerbation des émotions ou réactions à une frustration ou autres situations amenées par nos règles et à la complexité de nos relations humaines.
Les Ateliers :
Des ateliers ont été entamés avec l'IME de Antrain, le SEES et le SIPFpro de Chantepie. Leurs résultat sera présent lors des 1er, 2 et 3 juillet 2014 sur les lieux.SEES :
SIPFpro :
IME Antrain :
C'est quand les éduc ont "lâché" un peu certains enfants, en leur faisant confiance qu'il ont été agréablement étonnés.
C'est là que les jeunes ont réussi des actions psychomotrices que les éducateurs ne pensaient pas voir évoluer si vite...
L'Affiche :

Recomposant les 35 palissades et la caravane au centre, l'affiche que j'ai dessiné à été sérigraphiée par les élèves de terminale sérigraphie du lycée professionnel Émile Zola de Hennebont accompagnés de leurs professeurs Karelle Audran et Laurence Pousset.
70 tirages papier blanc 60/40 et 30 tirages papier Hahnemühle 60/80 ancre noire et or.
L'idée était de proposer des papiers et ancres différentes, d'avoir un travail de "commande" dans un avancement pédagogique lié à leur formation. J'ai donc pu échanger avec eux sur l'apport et les questions induites et liées au projet et à nos formations respectives.